La gifle à Hippocrate.

Par Philippe Hanchir, pour le Parti Libertarien

Ceci concerne le protocole de soins suggéré par le Professeur Raoult1 à l’origine de bien des débats dans les réseaux sociaux, les média mainstream et les média alternatifs.


Rappelons que celui-ci se résume à la prescription d’un anti-paludéen notoire en usage de longue date, l’hydroxychloroquine et d’un antibiotique spécifique aux infections pulmonaires l’azythromycine. Administrés par voie orale dès l’apparition des premiers symptômes de Covid-19 leur action ne concerne que la charge virale et sa rapide diminution. L’orage inflammatoire de cytokine2 qui signe la défaite finale d’un système immunitaire en surchauffe n’est pas la cible de ces deux molécules. Appliquer ce traitement en dernier recours sur des malades à forts symptômes ne sert à rien.

L’utilisation des deux médicaments en question ne présente pas un grand danger pour les patients qui sont toutefois soumis à un contrôle cardiaque quotidien par électrocardiogramme et à un dosage du potassium. Aux doses préconisées pour lutter contre le virus, une automédication sans surveillance n’est pas un risque acceptable étant donné l’incertitude quant à l’évolution des symptômes. Ces notions bio-médicales sont désormais décrites en long et en large sur Internet et plus personne ne peut plus les ignorer.


Le Sars-Cov-2, désignation du virus causant la maladie Covid-19, ne cesse de surprendre quant à ses modes d’expression. On trouve ainsi documentés des cas de séropositivité n’ayant donné lieu depuis « aucun symptôme » notable jusqu’a « décès avec atteinte de plusieurs organes ». 

Boris Johnson, le premier ministre de la Grande-Bretagne, contaminé, s’est d’abord senti fatigué puis fiévreux avant d’être embarqué en soins intensifs pour en sortir quelques jours plus tard sans autre dégât. Les personnes au système immunitaire fragilisé, souvent les seniors, sont très exposés à des conséquences mortelles. 

A ce jour la contagiosité des porteurs, avec ou sans symptômes, est incertaine ! 

Nous ne savons pas non plus pourquoi et comment certaines personnes sont à mêmes de venir d’elles-mêmes à bout du virus et pourquoi d’autres présentent de violents symptômes pouvant aller jusqu’à la mort et nécessitant un passage en soins intensifs voire sous respirateur pendant plusieurs semaines.


Tout traitement curatif est donc en compétition avec le système immunitaire. En cas de guérison il n’est pas possible de savoir qui l’a emporté. Les récentes observations menées à l’IHU3 montrent un taux de guérison de 91,7% sur un total de 1061 patients4. Les détracteurs du protocole soulignent bien entendu notre ignorance quant au taux de rémission spontanée.


Des témoignages affluent. Des médecins et des patients du monde entier expliquent comment ils s’en sont sortis. Cependant, comment conclure de façon scientifique, ferme et définitive quant à l’efficacité du traitement ?


Ces inconnues seraient à l’origine des déconvenues subies par le Professeur Raoult que le statut et les multiples reconnaissances n’ont semble-t-il pas suffit à protéger. 

En réalité, il s’agit probablement d’un imbroglio politico-financier. L’hydroxychloroquine est une molécule tombée depuis belle lurette dans le domaine public. Peu chère, elle prendrait aisément la place d’autres substances récemment développées et plus coûteuses. 

L’abandon de ces dernières représenterait une perte sèche pour les sociétés pharmaceutiques les ayant développées.

Alors ministre de la santé en France, Agnès Buzyn a qualifié l’hydroxychloroquine de vénéneuse après près de 70 ans d’utilisation sans dommage. Cette décision a été prise en janvier 2020. Agnès Buzyn est l’épouse de M. Yves Lévy lui-même en conflit avec le professeur Raoult, promoteur de cette molécules dans le traitement du Covid-19. Madame Buzyn prétend avoir été au courant des possibles conséquences de la vague épidémique dès la fin de l’année 2019. Elle communique également sur le fait d’avoir prévenu le gouvernement avant de démissionner de son poste pour devenir candidate aux élections municipales. Je laisse le soin à tout un chacun de connecter ces éléments les uns aux autres mais quoi qu’il en soit, la soupe est épaisse et riche en morceaux.


Le monde médical est dès lors coupé en deux : les « pour » et les « contre », ces derniers relevant plutôt du domaine académique et de la recherche alors que les premiers sont souvent les médecins ayant des patients à soigner. On regrettera bien entendu le côté clanique de certaines prises de position. Didier Raoult est anti-conformiste et déplaît donc aux sbires du pouvoir, naturellement conformistes.

Selon ceux qui se qualifient eux-même d’observateurs neutres, l’arbitrage ultime viendrait d’un test en double aveugle. Celui-ci mettant l’efficacité du protocole face à celle du système immunitaire abandonné à son sort. 

Une tentative d’évaluation plus globale désignée « Discovery », promue par l’UE, est en cours. Malheureusement on y teste là les effets de l’hydroxychloroquine mais seule et administrée en ultime recours donc trop tard. Les résultats de Discovery, s’ils sont un jour publiés, ne feront que semer le trouble dans les esprits et le double-aveugle  ressemble surtout à un piège maquillé en rigorisme scientifique.


Un test en double aveugle consiste à donner un placebo et une molécule supposée active à des patients sans qu’ils ne sachent ce qu’ils prennent ni leur médecin traitant. 

Le test démarre par la création d’un groupe de sujets. N’ayons pas peur des mots : un groupe de cobayes humains.

Rappelons que dans le cadre d’un protocole aux effets secondaires connus et maîtrisés et en l’absence de toute autre possibilité de soins curatifs, ce test est inutile !

Dès lors comment procéder ?

– Des gens au hasard questionnés dans la rue afin de savoir s’ils sont d’accord de participer à un test ? 

– Des gens positifs sans symptôme ? 

– Des gens avec symptômes ? Lesquels ? A quel degré de sévérité ?

Il s’agit désormais moins de médecine que d’éthique. 

Si l’on décide, par exemple, de diviser des patients symptomatiques en deux groupes, les uns soignés et les autres sous placebo, que se passe-t-il si l’un de ce dernier groupe voit son état s’aggraver ? Lève-t-on le secret sur son appartenance de groupe ? Dans ce cas on enferme à nouveau le chat de Schrödinger dans sa boîte… 


Quelle classe d’âge choisir ? 

On sait que les personnes âgées sont plus enclines à déclarer des symptômes graves et à mourir à cause d’eux. Doit-on néanmoins en sélectionner tout en sachant le risque d’un traitement placebo ?

Même problématique pour les diabétiques ou les autres patients présentant des soucis médicaux supplémentaires, connus ou pas, d’ailleurs.


Dans le cas d’une épidémie telle que nous la vivons, considérant la réalisation même du test, les morts, la façon dont ils meurent et l’innocuité relative de ce qui pourrait guérir, cette gesticulation procédurière apparaît comme une gifle au serment d’Hippocrate : « ὠφελέειν, ἢ μὴ βλάπτειν – être utile et ne pas nuire ».


D’ailleurs peut-on seulement imaginer comme envisageable que des patients confrontés aux premiers symptômes ou à un test positif acceptent de jouer le jeu du cobaye ? Leur consentement éclairé est indispensable à leur enrôlement et ils comprendront vite qu’ils n’auront qu’une chance sur deux de profiter du traitement. Gageons que la perspective d’une probabilité de décès, dans la quinzaine, plongé dans le coma et sous intubation en démobilisera plus d’un.

Il est assez décourageant de constater que tant d’éminents médecins et chercheurs médicaux en soient réduits à cette proposition du test en double aveugle. S’agissant de valider un traitement curatif car il est en compétition avec le système immunitaire parfois performant sans aucune aide, c’est là une position inique et un peu idiote de la part de ces érudits.

Un tel test mais visant alors à évaluer le dosage le plus optimisé, celui présentant le plus de chance de guérison ou le moins d’effets secondaires tout en garantissant que chaque malade soit effectivement soigné n’aurait sans doute gêné personne. Il aurait été, lui, utile à tous et indéniable source de progrès. Nous en sommes hélas loin, du progrès.


Nous en sommes si loin qu’aujourd’hui, en Belgique ou en France, l’hydroxychloroquine et l’azythromycine ne sont pas systématiquement prescrit dès les premiers symptômes voire jamais puisque, semble-t-il, toujours réservé aux cas hospitalisés. Un médecin généraliste est tout à fait apte à analyser un électrocardiogramme et à suivre ses patients. Ces atermoiements ridicules sont en train de tuer des gens ou pour le moins d’en faire souffrir certains, inutilement.


1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Didier_Raoult

2 https://www.pourlascience.fr/sd/biologie-moleculaire/cytokines-et-sensibilite-aux-maladies-4033.php

3 institut hospitalo-universitaire en maladies infectieuses de Marseille

4 https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/03/ABSTRACT-v-2-GB.pdf