Par Nord, pour le Parti Libertarien

Le succès de l’écologie-politique, idéologie que j’appellerai « écologisme », dans presque toutes les catégories sociales de nos sociétés occidentales aisées attire naturellement l’attention de tout libertarien qui se respecte. Car enfin, voici une idéologie révolutionnaire prônant une doctrine fondamentalement décroissante, c’est-à-dire destructrice des progrès en tout genre que plusieurs siècles de capitalisme plus ou moins bridé nous ont apportés, et qui nous promet des lendemains qui chantent pour peu que nous renoncions à la vie que nous menons actuellement. En Belgique, la poussée des partis verts et de la gauche radicale lors des élections de 2019 est indubitable : Ecolo à près de 17% à Bruxelles, Groen atteint 18,4% à Anvers alors que dans l’ancien sillon industriel wallon c’est PTB qui brille avec 15, 8 % à Charleroi, 16,5 % à Liège. Le parti marxiste réalise aussi 8,9 % à Anvers, 11,6 % à Bruxelles ville et 13,6 % à Molenbeek. Observateur complaisant, le Monde titrait sur leur rêve de prendre le pouvoir, ce qu’ils ne sont pas encore en mesure de faire directement mais la nature même de a démocratie belge pourrait à terme effectivement leur offrir la direction du pays. En tout état de cause, on observe que les partis verts ont bien scoré dans des circonscriptions plutôt riches et urbaines, une tendance qu’on retrouve à peu près partout en Europe et qu’on pourrait résumer ainsi : c’est le problème des riches parce que c’est nous, nos habitudes, notre mode de consommation, qui sommes responsables de ce désastre écologique. Le discours est justifié par l’affirmation que les Africains qui vivent sans électricité ni eau courante ne pourraient pas être tenus responsables de l’état de la planète. Non, une fois pour toutes c’est nous les responsables, nous qui sommes riches, même si nous nous trouvons pauvres, ou simplement pas assez riches. Dans ce sens, oui, l’écologie est un problème de riches, parce que les pauvres polluent moins.

Peu importe que ces affirmations qui ne tiennent pas la route face à une lecture objective des faits, comme par exemple en ce qui concerne la pollution maritime qui est à 95% le fait des pays du tiers-monde, il importe d’ancrer dans les esprits que nous avons fauté, que nous fautons et que nous fauterons toujours à cause de notre nature même qui nous pousse à consommer, à être riche et donc consommer encore plus. C’est absurde mais ça fonctionne puisque de plus en plus d’individus votent pour les partis verts et leurs alliés rouges (parfois même ces alliés se prétendent bleus, comme dans le cas de l’inénarrable M. Crucke dont on se demande pourquoi il n’a pas encore rejoint Écolo …)A ce sujet il est utile de revoir brièvement la reconversion à l’écologisme des autres partis qui ont bien compris qu’il est illusoire de se présenter à quelqu’élection sans se verdir le programme et clamer haut et fort son amour pour la planète en danger comme les députés révolutionnaires de 1792 décrétèrent la Patrie en danger (oui, car dans leur monde tout peut se décréter, c’est magique). Voyez plutôt: le titre 7 du programme du PTB en appelle à un plan pour la révolution climatique, pour le PS le climat est bien entendu un combat social et quant aux ci-devant libéraux du MR (là on a le droit de rigoler) ils déclarent assumer leur engagement vis-à-vis des générations futures. Bref « ils sont partout »!

Et les effets de leurs doctrine sont partout eux-aussi et ils se traduisent par des charges toujours plus importantes pour les industries comme pour  les individus, tout en assurant des pertes d’emploi. Pour ne prendre que l’exemple de la « lutte contre les gaz à effet de serre », un récent rapport du Bureau fédéral du plan qu’il me semble utile de citer verbatim concluait: « Sans recyclage des revenus additionnels, la mise en œuvre des ambitions du scénario de réduction des émissions de GES a des effets négatifs sur l’activité économique, induits par l’augmentation du coût de l’énergie (le déflateur de la consommation privée progresse de 1,38 %). Le PIB recule de 0,3 % sous l’effet d’une baisse de la demande intérieure et des exportations (parce que l’activité économique baisse dans tous les pays européens). Parallèlement, les importations se réduisent suite notamment au recul de la consommation d’énergie. L’un dans l’autre, le solde extérieur est légèrement affecté, le déficit se creuse d’un montant équivalent à 0,16 % du PIB. On note une chute de l’emploi (-0,38 % ou 18 000 personnes) à la suite de la contraction de l’activité globale et une hausse des coûts unitaires du travail résultant surtout de la progression des salaires nominaux via l’indexation automatique.» Donc dans tous les cas les résultats sont négatifs … MAIS il est impératif de mettre en œuvre ces stratégies vertes.

On notera bien entendu la référence à un « recyclage des revenus additionnels » (comprendre: ce que l’état vous aura spolié en plus du reste) qui est à peu près aussi rassurant qu’une horde de lions affamés sous stéroïdes, puisque chaque intervention de l’état résulte en une destruction de richesses.  En d’autres termes, les individus qui soutiennent l’écologisme valident un projet de société décroissant. 

Je pourrai revenir dans un prochain article sur les réponses rationnelles aux questions environnementales car on convient bien entendu de proposer et de démontrer la supériorité des alternatives libérales. Pour l’heure, il me semble important de souligner le danger que représente l’écologisme alors que nous sommes frappés par une très grave crise sanitaire. En effet, non contents de mettre l’éclosion du Covid-19 sur le dos du capitalisme et de la mondialisation, comme ne s’en prive pas Barbara Stiegker () on voit publiés ci et là des professions de foi appelant à « un autre monde » ou plus directement à la fin du modèle actuel (comme ici le ministre français Bruno Lemaire cité dans Slate, affirmant que l’opportunité est à saisir pour créer un nouveau capitalisme. Comme je le soulignais dans un autre article, on assiste réellement à un retournement de la stratégie du choc de Naomi Klein, où la crise actuelle sert de justification à tous les délires constructivistes.

Il est facile pour les écologistes politiques de se servir de la peur issue des ravages dûs à ce virus (et à l’incurie de l’état, mais c’est une autre histoire … quoique !). Ici un membre du GIEC affirme en écho au Président Macron que c’est « […] l’occasion de mener une politique ambitieuse de transition écologique » pendant que là s’exprime l’inévitable van Yppersele pour qui le moment est idéal pour augmenter la taxation des carburants . Mieux encore: voici la proposition d’un Etienne de Callataÿ, chef économiste chez Orcadia Asset Management et accessoirement professeur à l’UNamur … Monsieur travaille donc pour un gestionnaire de portefeuille et propose de taxer les carburants (que plus personne n’achète pour l’instant, confinement oblige) afin de redistribuer ensuite ! C’est beau comme du Lénine   Difficile à avaler quand on a perdu tout ou une partie de ses revenus et quand meurent des gens dans des conditions qu’on dit atroces, mais surtout très discutable d’un point de vue moral dans la mesure où la faiblesse actuelle du corps social et sa peur avouée font de lui une masse très facilement manipulable. On peut espérer que la défiance vis-à-vis de nos dirigeants ressorte grandie de la crise Covid-19, mais en tout état de cause voilà des expressions indéniables du cynisme et de l’opportunisme de l’écologisme. Oh certes, il est possible d’envisager que ces gens craignent surtout pour leurs statuts et leurs rôles sociaux si les individus se détournent de leurs chimères mortifères, comme jadis il s’est détourné de l’église, mais en tout état de cause on voit bien à leur communication que quelque chose doit se passer.

On aurait tort cependant d’y voir simplement l’opposition entre deux modèles de société : il en va en réalité de l’existence même de ces gens et de leur pouvoir. S’ils perdent la main alors que le monde chancelle, ils ne la récupèreront pas avant longtemps et la route vers le pouvoir leur sera barrée pour un temps qui est impossible à évaluer mais qui sera, selon toute vraisemblance, proportionnel aux dégâts occasionnés par le virus. S’ils gardent la main, et rien n’est joué, ils pourront accéder au pouvoir car le peuple aime les leaders providentiels, les guides, les dirigeants qui proposent une grille de lecture unique et simple qui apaise et réconforte. L’écologisme fonctionne sur un principe de culpabilisation dont nos sociétés judéo-chrétiennes restent fortement imprégnées, la notion de péché demeure ancrée dans l’inconscient collectif et quoi de plus facile que de faire culpabiliser des individus qui ont peur car le Covid-19 est le révélateur de toutes les crises – oui : toutes !

Le Pape ne s’y est d’ailleurs pas trompé en évoquant «un péché contre la Terre, contre notre prochain et en définitive contre le Créateur». Le cher homme soutient donc fort logiquement les manifestation « pour le climat » et exhorte les jeunes à redescendre dans la rue une fois la calamité virale dissipée. La conclusion qu’ils proposent tous coule donc de source : il faut changer de système, il faut donc mettre en œuvre celui que propose l’écologisme car il est l’antithèse de celui qui a mené à cette crise, à toutes les crises, et permettra de s’amender. CQFD ! 

Mais il y a un « mais »! En effet, il n’est pas improbable que la crise du Covid-19 n’entraîne un effet inverse : après des semaines de peur, de confinement et d’information angoissante il n’est pas impossible d’envisager le rejet des doctrines décroissantes, castratrices et coûteuses. Il est à ce sujet un outil fort intéressant conçu par Politico qui nous informe sur les intentions de vote dans les pays de l’Union européenne et en s’attardant sur un pays qui a fort bien géré la crise, l’Allemagne, on constate que les verts sont en perte de vitesse alors que le parti de la Chancelière flirte avec les sommets. En d’autres termes entre ceux qui annoncent une apocalypse très hypothétique et ceux qui ont su gérer une crise très concrète, les Allemands ont semble-t-il fait le choix de la raison. On notera d’ailleurs que les partis verts ne font pas de très bons scores dans les autres pays, mais il est vrai que les dates de ces sondages ne correspondent pas à chaque fois.

Quant à l’échelle européenne, qu’il suffise de dire que le Green Deal a bien du plomb dans l’aile à tel point que France Inter s’en désole profondément et quand France Inter se désole de quelque chose, c’est en général une bonne nouvelle.  Le média français a beau jeu de déverser tous les lieux communs et les bobards du climatisme le plus débridé, il n’est pas impossible que la sauce ne prenne plus! Peut-être est-ce tout simplement parce que le bon peuple estime qu’il vient de souffrir assez pour quelques générations; peut-être est-ce une prise de conscience – mais je ne le crois pas – de l’absurdité d’un projet à 1.000 milliards d’Euros sur 10 ans? Peut-être en a-t-il tout simplement assez de se saigner pour des politiques doctrinaires dont la réalisation et le succès ne doivent pas grand-chose à la rationalité, le Guardian avait même eu le culot d’affirmer le 9 mars 2020, donc en pleine crise Covid-19, que « ça doit marcher » (« Will the green deal make a difference? It needs to. ». 

Peu importe donc la réalité, l’état des finances et la détresse des individus, ça doit marcher. Peu importent les sacrifices déjà consentis, dont les décès prématurés, ça doit marcher. Et peu importent les aspirations légitimes à la résilience dans un contexte apaisé post-crise que nous espérons tous, ça doit marcher. Mais se pourrait-il qu’au bout d’un moment, fatigué, appauvri, triste et blessé, le bon peuple en ait tout simplement marre de ce discours vert détaché de la plus élémentaire des réalités qui le fatiguerait et l’appauvrirait encore plus?

http:// https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/14/en-belgique-les-ecologistes-revent-de-prendre-le-pouvoir_5461944_3210.html)

http:// https://lesobservateurs.ch/2019/03/29/95-du-plastique-des-oceans-provient-des-pays-du-tiers-monde-ou-des-pays-emergents/

http:// https://plus.lesoir.be/206589/article/2019-02-13/transition-ecologique-et-pourquoi-pas-creer-une-banque-du-climat)

http:// https://www.ptb.be/un_plan_pour_la_revolution_climatique

https://www.ps.be/#/page/article/LE_CLIMAT_EST_UN_COMBAT_SOCIAL/19449

http:// https://www.mr.be/projet/environnement-climat/

https://www.plan.be/uploaded/documents/201903280943040.Rapport_20190322.pdf

http:// https://france3-regions.francetvinfo.fr/nouvelle-aquitaine/gironde/bordeaux/barbara-stiegler-crise-sanitaire-actuelle-est-pur-produit-du-neoliberalisme-1818004.html

http:// http://www.slate.fr/story/189141/coronavirus-epidemie-economie-fin-capitalisme

http:// https://www.lepoint.fr/environnement/coronavirus-c-est-une-occasion-unique-d-operer-une-veritable-transition-ecologique-19-03-2020-2367867_1927.php#

http:// https://twitter.com/JPvanYpersele/status/1238353425852706816

http:// https://www.rtbf.be/info/economie/detail_neutralisons-la-baisse-des-prix-du-petrole-via-des-taxes-pour-mieux-en-redistribuer-les-fruits?id=10487306&utm_source=rtbfinfo&utm_campaign=social_share&utm_medium=fb_share

http:// https://www.cncd.be/arnaud-zacharie-pandemie-coronavirus-covid-19-revelateur-crises

https://www.sudinfo.be/id181110/article/2020-04-22/le-pape-incite-les-jeunes-redescendre-dans-la-rue-pour-le-climat-japprecie

https://www.politico.eu/europe-poll-of-polls/germany/

https://www.theguardian.com/world/2020/mar/09/what-is-the-european-green-deal-and-will-it-really-cost-1tn