« Charité bien ordonnée commence par soi-même », c’est peut-être ce qu’Yvan Mayeur et Pascale Peraita se sont dits lorsqu’ils sont devenus administrateurs du Samusocial. Au lieu de s’assurer que les subsides et autres dons reçus par l’ASBL étaient utilisés pour aider les plus démunis, ils ont plutôt considéré l’ASBL comme une cagnotte personnelle destinée à arrondir leurs fins de mois et à aider leur entourage.

 

Si ce dossier est désormais aux mains de la justice et qu’une énième commission parlementaire va se charger de faire toute la lumière sur cette affaire, il est est temps pour les citoyens de tirer les leçons des récents scandales. Après les cris d’orfraie viendra le temps de la récupération politique.

 

Le Parti Socialiste tentera maladroitement de nous faire croire qu’il s’agit là de dérives isolées. Quelques fusibles devront naturellement sauter, afin de protéger le reste du système. Les ténors du parti diront qu’ils n’étaient pas au courant. La question des cumuls a déjà été remise sur la table à l’initiative des Jeunes Socialistes… dont le président Maxime Felon cumule pas moins de 17 mandats dont 6 rémunérés ! (On peut d’ailleurs légitimement se demander si cette manœuvre ne vise pas avant tout à redistribuer les juteux mandats entre socialistes.)

 

Le PTB profitera bien entendu de la situation pour accueillir tous les déçus du PS en se profilant comme le seul parti authentique de gauche. C’est oublier un peu vite que ce jeune parti traîne déjà ses premières casseroles, en utilisant par exemple ses maisons médicales à des fins électoralistes.

 

Ecolo réclamera à nouveau plus de transparence, des mesures qui seront détricotées à la première occasion par la majorité, tout comme le PS, CDH et MR se sont récemment entendus pour remplacer le décret qui limite les cumuls de mandats des élus.

 

Aucun de ces partis ne s’attaquera au fond du problème, qui consiste en la mise en place d’un « État dans l’État », au moyen d’un vaste réseau d’ASBL subsidiées par les Régions et Communautés, c’est-à-dire le contribuable. En tant qu’associations sans but lucratif, ces organismes ne sont pas soumis aux mêmes règles de transparence (financière et de recrutement) que les administrations. Il existerait plus de 3500 ASBL subsidiées. Ces ASBL sont devenues pour les partis traditionnels un réservoir quasi inépuisable de financement et d’influence politique. Si cette source venait à se tarir (par exemple, à la suite d’un énième décret transparence), gageons que nos politiciens trouveront de nouveaux filons à exploiter.

 

Comme souvent, la solution ne viendra pas du politique, mais d’une prise de conscience des citoyens. Comme nous l’enseigne la théorie des choix publics, le but premier des administrations et autres organismes subsidiés n’est pas de fournir un service à la collectivité, mais avant tout de servir les ambitions de leurs mandataires.

 

Ce qu’il faut exiger, ce n’est pas tant la suppression ou l’encadrement des cumuls, il faut avant tout drastiquement réduire le nombre de mandats publics. Plus qu’une meilleure transparence des ASBL subventionnées, ce qu’il faut, c’est une sévère réduction des subventions aux ASBL. Ces subsides sont le ver dans le fruit qui annihile toute discipline financière, encourage la mauvaise gestion et le manque de transparence.

 

On aurait tort de croire que la suppression de ces subventions porterait un coup fatal à notre système de solidarité. Bien au contraire, ces ASBL subventionnées vampirisent les concitoyens et privent les initiatives privées de nombreux dons. Ce ne sont pourtant pas les exemples d’associations caritatives indépendantes qui manquent : des Restos du Cœur aux Médecins sans frontières en passant par Greenpeace, diverses associations sont essentiellement financées par des dons volontaires et doivent rendre des comptes à leur public. C’est la meilleure garantie d’une gestion responsable.

Baudoin Collard

Membre du Parti libertarien