Le libertarien a une vision réaliste de l’Etat alors que le libéral en a une vision idéaliste.
Pour le libéral, l’Etat est le garant des droits individuels et du fonctionnement des institutions de marché. Sans État, nous serions plongés dans le chaos d’un monde tribal soumis aux bandes mafieuses. L’Etat minimum lui apparaît comme une nécessité, comme un acte de civilisation, comme un bien. Avec le temps, le libéralisme est devenu démocratique, républicain, voire social. il a abandonné l’idée de l’État minimal pour accepter l’idée d’un État régulateur chargé d’assurer le bon fonctionnement de la concurrence, puis d’un État actif chargé de rendre les services que le marché ne peut pas assurer.
Le libertarien, quant à lui, porte un regard réaliste sur l’État, qu’il identifie d’ailleurs régulièrement au gouvernement car il refuser d’accepter la fiction juridique d’une entité distincte des hommes qui la peuplent. Il constate que l’État a toujours été le premier à violer les droits des individus, à leur donner des ordres, à les voler, à les tuer. L’État ne nous protège des mafias que dans la mesure où il ne supporte pas la compétition. Si les libertariens se divisent sur la possibilité effective de faire disparaître l’État et sur les conséquences d’une telle disparition, ils s’accordent tous pour dire que les gouvernements sont nos premiers ennemis et doivent être sévèrement gardés sous contrôle. Dans tous les cas, l’État est un mal que ce mal soit nécessaire, inévitable ou inutile.
En résumé, pour un libéral, l’État minimal est le plancher ; pour un libertarien, il est le plafond.