La monnaie. La littérature économique sur le sujet est abondante. Privilège de l’Etat, beaucoup d’entre nous ont oublié que la frappe de la monnaie et l’émission de billets avaient été avant le 20e siècle en certains endroits un processus privé entre les agents économiques, un moyen d’échange adossé à un puissant référent : l’or. Ce métal précieux, avec l’argent, était communément accepté comme moyen d’échange en raison de sa rareté relative, sa malléabilité, sa fractionnabilité, sa réserve de confiance, sa transférabilité et sa pérennité. Il fallait trouver un moyen d’échange exprimant une échelle de valeurs, un instrument de réserve et une marque de confiance.

La monnaie n’est que l’excroissance naturelle de la propriété privée. C’est un instrument de réserve à toute production personnelle. Ce n’est donc pas le fait du Prince, le fruit de l’action gouvernementale ou le produit de la banque centrale mais la résultante de l’activité économique entre les acteurs privés. Ces derniers, animés par des volontés pacifiques et non coercitives, sont prêts à placer de manière volontaire leur confiance dans un instrument commun. L’Etat s’est emparé de cette fonction qu’est l’émission de monnaie. La raison est double: sous prétexte de garantir la confiance dans la monnaie et de protéger ses sujets contre les faussaires, les gouvernants ont vu dans ce moyen d’échange un formidable instrument d’exercice du pouvoir et de financement de leur autorité. La monnaie, ainsi nationalisée, devenait unique et n’avait cours légal que sous le sceau du pouvoir étatique. Ce dernier pouvait en manipuler le stock, la pureté, la finesse et même la forme quand bon lui semblait, ou plus exactement quand il y avait une armée à lever ou une révolte à mater. On comprend vite dans cette optique que, de la pacification des échanges via le commerce et la coopération sociale, nous passons à une logique guerrière d’agression et de violation des droits naturels de l’individu que sont la liberté, la propriété privée, la sûreté et la résistance à l’oppression dans la responsabilité individuelle.

Derrière les guerres et conflits sur les cent dernières années, il y a un besoin de financement et l’effort ne peut s’accomplir que dans la confiscation de la propriété privée, entre autres via la manipulation de la monnaie par les belligérants. D’instrument de financement, le système monétaire, en tant que bras armé du gouvernement, est aussi un système fiscal puissant puisque l’inflation, c-à-d l’érosion de votre carnet d’épargne et de votre bon d’Etat, est un impôt qui ne dit son nom. L’inflation favorise le débiteur au détriment du créancier avec pour effet pernicieux de faire payer la facture aux créanciers en bout de chaîne, à savoir les petits épargnants et les retraités de la classe moyenne paupérisée.

Depuis que la Federal Reserve américaine a drastiquement baissé les taux d’intérêt en 1995 et que les politiques monétaires subséquentes des banques centrales sont devenues agressivement expansionnistes, le stock monétaire mondial a augmenté de manière exponentielle pour, à quantité plus ou moins constante de projets rentables suivant les périodes, générer des bulles spéculatives (boom) finissant toujours par éclater (bust) et entraînant une paralysie des agents économiques tout en mettant en exergue le risque systémique (effet domino) lié à une monnaie unique nationale ou supranationale sans référent or. Notre ère est caractérisée par l’omnipotence des banquiers centraux qui entre augmentation du stock de monnaie et manipulation de la courbe des taux d’intérêt, ont empêché les agents économiques que nous sommes d’avoir des référents solides et des signaux clairs afin d’ajuster nos choix d’investissement et de consommation tout en assurant le maintien et l’approvisionnement d’un matelas d’épargne destiné à générer des nouveaux investissements et donc créer des emplois dans nos économies domestiques. Au contraire, le chômage et la pauvreté ont été crescendo.

 

Comment sortir de cette spirale destructrice et liberticide? Le Parti Libertarien proposer la libération de la monnaie. Ceci reviendra à opérer un système bancaire où les agents économiques, vous et nous, confieront leur nouvelle monnaie émise sous référent or suivant échange des anciens billets et pièces par une agence indépendante spécialement créée par l’Etat via l’apport du stock d’or de la banque centrale. Ces nouveaux billets et pièces pourront entrer dans le système bancaire et de paiements pour les transactions commerciales et financières où le risque systémique sera fortement réduit, voire nul, car toute émission aura sa couverture or.

 

Le gouvernement sera limité dans ses politiques budgétaires et ses appétits fiscaux, tout en étant soumis à des impératifs de respect en matière de déficit. Ses relations extérieures avec les autres Etats se feront d’abord dans une logique pacifique, la violence n’étant justifiée qu’en cas d’agression de l’extérieur et de violation de l’intégrité de son territoire. La banque centrale pourra dès lors être privatisée sans conséquence pour l’emploi dans un libre marché où elle pourra faire la preuve de sa bonne politique commerciale et de sa bonne gouvernance. L’inflation sera sous contrôle et les banques se feront concurrence en matière de taux d’intérêt, ces derniers étant un prix devant être fixé par le principe de libre concurrence entre les prestataires selon la loi de l’offre et de la demande. Les banquiers, libérés mais redevenus pleinement responsables de la bonne conduite de leurs affaires via une législation ad hoc, s’affronteront dans un environnement monétaire assaini. A ce sujet, les bank runs (les clients se précipitent à la banque pour retirer leurs dépôts provoquant l’illiquidité immédiate de l’établissement) seront fortement limités, les banques plaçant dans le marché les fonds déposés sur des durées conformes à la durée des dépôts. N’oublions pas que ce modèle bancaire et monétaire prévalait tout au long du 19e siècle et même au 18e siècle en Europe de l’Ouest.

 

La monnaie est un bien trop délicat pour en confier la gestion à un organisme public dans lequel nous avons perdu toute confiance et qui est à la source même des déséquilibres et crises économiques actuelles. Libérons la monnaie. Nous devons nous la réapproprier et la remettre à notre propre service, ce qui n’est que l’expression légitime des nos droits naturels.