Hier soir, Christophe Goossens a porté courageusement les couleurs du Parti Libertarien lors d’un débat sur la fiscalité organisé à l’UCL. Face au consensus qui émergeait entre ses contradicteurs sur la volonté d’organiser un « shift fiscal » entre les revenus du travail et les revenus du capital, il a résumé notre position en ces mots : « Il manque manifestement une touche sur la clavier du gouvernement, le delete. »

 

Organisé par l’Assemblée des Groupes Politiques de l’UCL, le débat portait sur le thème « Taxes: stop ou encore ? ». Y était conviés les représentants de 5 partis politiques de la scène belge francophone, Georges Gilkinet pour Ecolo, François Desquesnes pour le Cdh, David Pestieau pour le PTB, Corentin de Salle pour le MR et Christophe Goossens pour le Parti Libertarien. Il était modéré par Yves Hougardy, maître de conférence en droit fiscal à l’UCL.

 

Ouvrant le débat, le PTB a explicitement reconnu que la Belgique était devenu un enfer fiscal pour les salariés. Néanmoins, dans une logique toute maoïste, il en a déduit qu’il fallait augmenter les impôts sur le capital. Par une rhétorique efficace, il a réussi à cadrer le débat pour placer son agenda fiscal au cœur de la discussion. Les représentants des partis traditionnels étant finalement contraints de se prononcer à tour de rôle sur la meilleure façon d’appliquer le programme du PTB.

 

Georges Gilkinet s’est montré également montré très offensif sur la taxation des plus-values. Pour lui, la situation actuelle est le résultat d’un choix délibéré de détruire les outils de collectes de l’impôt et de conserver des zones de non-droit fiscal au niveau international. Alors même qu’il se scandalisait en début d’intervention de la volonté du gouvernement MR-NVA d’espionner les consommations de gaz et d’électricité des chômeurs, il proposait ensuite de mettre en place un système orwellien de contrôle généralisé des flux financiers avec un fichier central des fortunes et une transparence complète des portefeuilles.

 

Pour le Cdh, François Desquesnes partageait grosso-modo les options de son collègue Ecolo. Mais il insista quand même sur la nécessité d’un stop fiscal concernant le travail. Il appelle de ses vœux un shift fiscal qui permettrait d’alléger l’imposition des revenus professionnels une fois instaurée la taxation des entreprises et des revenus du capital.

 

Pour son intervention, Corentin de Salle se trouvait dans la situation délicate de devoir concilier ses sincères convictions libérales et les nouvelles hausses d’impôts décidées par son parti. Selon lui, il convient d’abord de limiter le déficit public, puis grâce au retour de la croissance, on pourra envisager de diminuer les impôts sur le travail. « Je refuse de suivre la position démagogique des républicains US qui baissent les impôts mais laissent filer la dette publique des États-Unis » a-t-il déclaré.

Christophe Goossens aux autres participants : "Oseriez-vous jurer aux étudiants dans cette salle qu'ils toucheront un jour une pension ?"

Christophe Goossens aux autres participants : « Oseriez-vous jurer aux étudiants dans cette salle qu’ils toucheront un jour une pension ? »

Lors de sa prise de parole, Christophe Goossens fut le seul à défendre sans complexe une réduction réelle des impôts et des dépenses publiques. Il a rappelé les mécanismes politiques sous-jacents qui expliquent pourquoi les gouvernements trouvent toujours une bonne raison d’augmenter les impôts tout de suite en promettant des baisses ultérieures. En s’appuyant sur les chiffres de BNB, il mit en évidence la croissance considérable de la fiscalité ces 10 dernières années, tant sur le travail que sur le capital. Les promesses de shift fiscal vont dans le même sens. Nous aurons avec certitude la hausse de la taxation du capital mais jamais la baisse de l’impôt sur le travail. L’État trouvera toujours un nouveau moyen de dépenser les sommes acquises. Puisque tout le monde autour de la table s’accorde à dire que la Belgique est un enfer fiscal pour les travailleurs, la solution logique serait tout simplement de baisser les impôts sur le travail. Hélas, le débat politique, tel qu’il s’est encore illustré ce soir, est enfermé dans une prison mentale qui empêche de penser un système de liberté et de responsabilité individuelles.

 

Pour l’anecdote, et puisqu’il s’agit d’un running gag chez les libertariens, signalons que dans le débat qui a suivi, M. Gilkinet d’Ecolo s’est laissé aller à déclarer qu’il n’y avait ni écoles ni routes avant 1919, date de l’entrée en vigueur de l’impôt sur le revenu (à titre temporaire, bien sûr). Espérons que les étudiants de l’UCL nous organisent bientôt un débat sur le thème : « Mais qui va construire les routes ? »

Roads-so complicated