«Monsieur,

Bien qu’habitant la Belgique, je suis un auditeur régulier de BFM Business, station sur laquelle j’ai le plaisir d’entendre régulièrement vos interventions pleines de bon sens.

Ce matin, lors du journal de Stéphane Soumier, vous avez déclaré (de mémoire) : « Si l’on pouvait éviter le défaut, ce serait bien. Personne n’a envie de se retrouver dans la situation grecque. »

À ce propos, j’aimerais attirer votre attention sur deux points.

D’abord, les souffrances actuelles de la Grèce ne sont pas dues à son défaut souverain, mais, au contraire, au refus catégorique de faire défaut. Très tôt, les économistes libéraux ont indiqué qu’il serait impossible à la Grèce de faire face à ses obligations de remboursement. Voilà presque 3 ans que le magazine « The Economist » a commencé à défendre le défaut grec comme une première mesure d’assainissement des finances publiques. D’ailleurs, ce journal spécifiait à l’époque que plus la Grèce tarderait à prendre cette mesure, plus celle-ci se révélerait douloureuse.

Hélas, les dirigeants allemands et français n’ont pas voulu l’entendre de cette oreille. Depuis le début, ils s’acharnent à forcer la Grèce à rembourser ses créditeurs. Toutes les mesures mises en œuvre ces dernières années visaient à empêcher un défaut, qui, paraît-il, aurait déshonoré la zone Euro. L’an passé, un timide premier pas a été fait avec le PSI, mais, trop tardif et trop restreint, il n’a pas permis à la Grèce de retrouver la bouffée d’oxygène nécessaire à la relance de son économie. Il semblerait désormais que Mme Merkel ne s’oppose plus à un défaut de la Grèce, mais pas avant un an ou deux.

Il me semble donc important de rappeler à chaque occasion qu’il n’y a pas véritablement eu de défaut grec et que le désastre économique actuel est lié à l’orgueil des instances politiques (France, Allemagne, UE, BCE, FMI) qui ont voulu conjurer l’inéluctable et n’y sont pas parvenues.

Ensuite, comme vous le précisiez, ce serait bien si l’on pouvait éviter le défaut souverain dans l’Europe du Nord. Mais le pouvons-nous encore ? Aujourd’hui, les dettes publiques ont atteint des sommes monstrueuses et nous asphyxient par leur remboursement. Quoique la période actuelle soit extrêmement favorable aux États, avec des taux d’intérêt proches de zéro, les gouvernements sont confrontés à des difficultés budgétaires colossales. Pour ne rien arranger, il n’y a aucune chance que les taux restent longtemps aux niveaux actuels. Que ce soit par le retour de la croissance ou par celui de l’inflation, les taux sont appelés à remonter un jour ou l’autre. À ce moment, les finances publiques imploseront sous le poids de la dette et nous serons confrontés à un choix cornélien : rembourser la dette ou l’annuler.

En ce qui concerne la Belgique, mon pays, le Parti Libertarien défend explicitement l’annulation pure et simple. Pour nous, il est hors de question de courir le risque d’une situation à la grecque. Nous refusons que le remboursement de la dette publique soit utilisé comme argument pour imposer l’austérité socialiste, augmenter toujours plus les impôts et détruire le peu d’économie privée qu’il nous reste.

La dette publique est le fruit de 60 ans de politiques interventionnistes et de pseudo-relance keynésienne. Nous ne nous sentons pas tenus par les conséquences d’une politique que nous avons toujours condamnée. Les créanciers étaient parfaitement au courant de la situation et ils ont fait le pari du toujours plus d’État. Ils ont perdu. Tant pis pour eux.

Loin de constituer une catastrophe économique comme on le dit trop souvent, l’annulation ordonnée de la dette doit être un nouveau départ. Accompagnée d’un grand mouvement de privatisation et d’une diminution drastique des impôts, cette annulation permettra l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs qui donnera un formidable coup d’accélérateur à notre économie. Ce sera le commencement d’un nouveau siècle de paix, de liberté et de richesse.

Nous ne doutons pas que le mouvement initié par les libertariens belges trouvera très prochainement un écho auprès de nos compagnons français.

En vous félicitant encore pour la qualité de vos émissions, je vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations respectueuses.

Patrick SMETS »