Par Thib Aquinas pour le Parti Libertarien,


Je ne suis pas virologue, je ne suis pas médecin, je ne suis pas biologiste et mon éducation scientifique, du moins dans les sciences naturelles, se résume au contenu des cours donnés en humanités générales. Par contre, étant un peu versé dans la finance, j’ai quelques notions de probabilités et de gestion des risques. On ne va pas faire dans la rocket science, rassurez-vous. On va juste réfléchir en utilisant le raisonnement logico-déductif, c.à.d. en faisant preuve de bons sens et de raison. 


La théorie du cygne noir a été développée par Nassim Nicholas Taleb dans son livre éponyme (The Black Swan : The Impact of the Highly Improbable, New York, Random House – également disponible en édition française auprès des Belles Lettres) paru en 2007. Dans cet ouvrage, le Dr. Taleb nous expose brillamment pourquoi les modèles probabilistes reposant sur des moyennes sont dangereux car ils tendent à négliger les événements imprévisibles avec une (très) faible probabilité d’occurrence mais dont l’impact (le sinistre ou l’étendue des dégâts en cas d’événement destructeur) s’avère considérable et exceptionnel. L’auteur met en exergue le rôle disproportionné d’événements majeurs rares et imprévisibles, au mieux légèrement détectables un très bref moment avant leur occurrence. Ensuite, il insiste sur l’impossibilité de calculer la probabilité d’occurrence de ces événements rares à l’aide de méthodes scientifiques en raison de la nature même des très faibles probabilités. Enfin, il ajoute que les biais cognitifs, c.à.d. nos croyances, préjugés et traditions, nous rendent aveugles vis-à-vis de l’incertitude et du rôle massif (ou plutôt disruptif) des événements rares. Ces cygnes noirs sont donc des éléments de rupture dans l’histoire qui viennent contredire le bon déroulement des moyennes calculées et projections basées sur les probabilités. Les cygnes noirs sont, selon Taleb, presque toutes les découvertes scientifiques majeures et les événements historiques, ainsi que les accomplissements artistiques (exemples : Internet, l’ordinateur personnel, la Première Guerre mondiale, la chute de l’URSS et les attentats du 11 septembre 2001). 


En Belgique, nous vivons dans un système d’état-providence. C’est un système hautement taxatoire et redistributif où, en outre, l’état s’arroge le monopole de la gestion des soins de santé. C’est donc l’assureur et gérant unique en matière de risques sanitaires, notamment en cas de risque de pandémie. 


Face à un risque qu’il doit assurer, tout assureur doit se poser deux questions essentielles :

  • quelle est la probabilité d’occurrence de ce risque ? 
  • en cas d’occurrence, quel est l’ampleur du sinistre (ou étendue des dégâts) ? 

Probabilité d’occurrence et ampleur du sinistre ? Ca ne vous rappelle rien (voir ci-dessus) ? 

L’état belge a-t-il agi en bon père de famille dans la gestion du risque de pandémie ?

Plus exactement, le COVID-19 – également appelé coronavirus – est-il un cygne noir, auquel cas la responsabilité de cet élément imprévisible ne pourrait incomber à nos dirigeants politiques et leurs fonctionnaires ?


Voyons un peu…


Comme me l’a fort bien énoncé un ami : « La gestion du risque, c’est assez simple. Inutile de donner dans la mystification. Seules deux choses comptent : la probabilité que le « risque » survienne (la probabilité d’occurrence) et l’impact de ce risque (l’ampleur du sinistre). Ceci est facilement représentable sur deux axes perpendiculaires. Ici, la probabilité d’une pandémie est « importante », sans retourner jusqu’à la grippe espagnole, il y a eut le SRAS, le H1N1, la grippe de Hong Kong, Ebola et j’en oublie. L’impact est facilement estimable: mise à l’arrêt complet de l’économie mondiale, nombre de personnes infectées, nombre de morts… Pour rappel, la peste qui sévit en Europe à partir de 1340 a décimé 40% de la population du continent. Donc, un impact élevé. Quand on a un risque dans le quadrant supérieur droit d’une matrice qui croise la probabilité et l’impact, on prend le risque très au sérieux. » 


La gestion du risque revient donc à évaluer un sinistre potentiel en termes assurantiels. Dans notre cas de figure (le COVID-19), ce n’était donc pas un cygne noir car il était relativement prévisible ainsi que l’ampleur du sinistre en cas d’arrêt de l’économie. Ceci est d’ailleurs confirmé par le Dr. Taleb lui-même dans la brève vidéo ci-dessous. 


L’état a voulu tout gérer et s’est pris les pieds dans le tapis. 


C’était très prévisible et gérable par anticipation (mais où était le fameux principe de précaution dans ce cas au fait ?). Des solutions préventives de stockage de masques et tests pouvaient être facilement implémentées. Des exercices et formations auraient pu être organisés au niveau de cellules locales. Des simulations sur base des déplacements et taux de concentration démographiques se seraient avérées utiles pour la distribution du matériel et des conseils. Tout ceci aurait pu être géré ensuite par des associations locales chapeautées par des professionnels de la santé qui auraient pu prendre les décisions adéquates sur base de leur expérience de terrain en fonction des cas suspects ou avérés. Bref, on aurait pu appliquer la principe de subsidiarité et de décentralisation.

Mais non, au lieu de cela, l’état belge, en la présence de ses arrogants dirigeants politiques, dont NEUF ministres de la santé et fonctionnaires pléthoriques, s’est arrogé le monopole des soins de santé et de la gestion de la crise avec tous les couacs et manquements que l’on connaît à ce jour.  Pis encore, il n’a pas hésité à entraver la bonne marche et les initiatives du secteur privé pour aider les citoyens (voir l’article de Christophe Goossens ci-dessous).


L’état, cet assassin qui vous veut du bien. Oui, c’est bel et bien un crime.


PS : N’excluons pas la probabilité d’occurrence d’un vrai cygne noir suite à cette crise. Après tout, même prévisibles, les crises fournissent à certains des opportunités inespérées et inattendues. Observons.